Les pertes et préjudices désignent le plus souvent les effets des changements climatiques qui ne peuvent être évités par le biais de l’atténuation et de l’adaptation. Ils peuvent être produits par les événements à évolution lente (désertification, perte des biodiversités, dégradation des forêts, élévation des températures, salinisation de la mer, élévation du niveau de la mer, acidification des océans) et les évènements extrêmes (sècheresse, vague de chaleur, inondation, cyclone, tempête, …).
A Madagascar, ces impacts du changement climatique s’intensifient de plus en plus, entre 2007 et 2020, les cyclones et les inondations ont provoqué 52 décédés, 50 disparus par an (58 décédés par an selon les données des Nations Unies publiées en 2020) ; 172 000 sinistrés par saison cyclonique pendant les 10 dernières années ; 50 000 cases d’habitations détruites par an ; 100 000 ha de parcelles agricoles détruites par an ; des éboulements et glissement des terrains, ralentissement du transport routier jusqu’à son impraticabilité au niveau des routes provinciales et régionales, ralentissement des échanges socio-économiques, inflations, conflits sociaux ; l’impossibilité de l’exploitation des infrastructures aéroportuaires jusqu’à plusieurs jours et pertes économiques ; l’impraticabilité des réseaux de transport ferroviaire, impacts sociaux causés par l’enclavement et pertes économiques ;la secheresse a engendré un taux d’insécurité alimentaire de 75,9% dans la Région Atsimo Andrefana, 63,4% à Androy et 53,4% à Anosy.
Au niveau international, le mécanisme de Varsovie (WIM) établi en 2013 lors de la COP19 est le mécanisme qui cadre les pertes et préjudice. Selon la Décision 2/CP 19, ce mécanisme a pour rôle de (i) d’améliorer la compréhension des approches sur la gestion des risques climatiques, (ii) de renforcer les dialogues, la coordination et la synergie entre les parties prenantes, (iii) d’améliorer les actions, les appuis, concernant les financements, les innovations, et les renforcements de capacités. L’Accord de Paris en son l’article 8 mentionnée son importance et le sépare de l’adaptation.
Concernant le contexte géopolitique, Les pays du Nord ont toujours voulu concilier l’adaptation avec les pertes et dommages, d’où leur manque d’intérêt à scinder ces deux thématiques. Dans ce sens, les pays en voie de développement ont de la difficulté à se faire entendre. Néanmoins, la COP 26 a apporté de l’espoir pour les pays du V20 (Les vingt pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, un nouveau groupe crée en 2015, présidé par Cesar Purisima, ministre des Finances des Philippines) car (i) tout d’abord, le dernier rapport du GIEC pointe la multiplication et la gravité des impacts. Face à cette situation, le Royaume Uni, les pays scandinaves se sont engagés, à mobiliser un financement pour les pertes et préjudices ; (ii) Ensuite, la valorisation et l’opérationnalisation du Santiago Network pour l’identification des besoins de solution techniques et de financières étaient au centre de la discussion (iii) Enfin, les représentants des pays insulaires sont en train de voir les moyens juridiques possibles pour contraindre les principaux émetteurs de GES.
Au niveau National, Le gouvernement de Madagascar est le premier responsable pour l’évaluation des pertes et dommage, à travers l’opérationnalisation de la SNGRC (Stratégie National de Gestion des Risque Climatique). L’Axe 2 de cette stratégie, préconise que l’Etat et les autres partenaires devront assurer une meilleure gouvernance, entre autres, l’évaluation autant des risques que des catastrophes et de leurs impacts. Dans ce sens, selon l’Axe 3 de la même stratégie, des renforcements de capacités des acteurs en matière de GRC, en particulier en évaluation des pertes et dommages, devront être faits en parallèle.
La mise à jour périodique du plan de contingence national multirisques et multi aléas ainsi que les plans de contingence régional pour les régions à risques, sont parmi la phase essentielle dans l’évaluation des pertes et dommages, suivant les contextes physiques et climatiques, définit le système d’évaluation post-catastrophe.
La remontée des informations pour l’alimentation des données utilisées pour l’évaluation des pertes et dommages est coordonnée par le BNGRC (Bureau National des Gestions des Risques et Catastrophes) à travers la structure de coordination appliquée aux catastrophes sur trois niveaux : national, régional et district. Au niveau national à travers le CRIC, elle regroupe à travers les groupes sectoriels : les points focaux humanitaires des Ministères et des organismes publiques ainsi que l’équipe humanitaire pays composée par les Agences des Nations Unies, les ONG internationales ainsi que le Mouvement de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. Les secteurs couverts par cette coordination nationale sont les suivants : Eau et Assainissement, Éducation, Habitat, Logistique, Nutrition, Protection, Santé et Sécurité alimentaire. Au niveau régional et district, elle est composée par les structures territoriales déconcentrées et les collectivités territoriales décentralisées appuyée par les ONG. Les informations collectées, considérant dans la mesure du possible, les groupes vulnérables, tels que les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les personnes âgées, les personnes handicapées ainsi que les enfants, sont centralisées auprès du BNGRC.